Le sourcing en Chine en 2025 : Résilience, transformation et défis.
- The Sourcing Associate
- 24 mars
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Dernière mise à jour : 25 mars
Malgré les discours sur la relocalisation et la diversification, la Chine reste, en 2025, un acteur central du sourcing industriel mondial. De nombreuses entreprises ont exploré des alternatives, mais rares sont celles qui ont totalement tourné la page chinoise. Le pays a su faire évoluer son rôle dans les chaînes d’approvisionnement : il ne s’est pas affaibli, il s’est adapté.

La Chine en 2025 : toujours au cœur des chaînes d’approvisionnement
Plus qu’un simple atelier à bas coût, la Chine est devenue un partenaire industriel stratégique, capable de livrer des solutions complètes, rapides et techniquement exigeantes. Par exemple, dans le secteur des batteries lithium-ion, la Chine contrôle toujours plus de 70 % de la production mondiale. Pour les fabricants de vélos ou d’e-mobility en Europe, elle reste un passage obligé. Dans le domaine des équipements électroniques, les géants comme Apple, Dell ou Lenovo continuent de s’appuyer sur des sites de production chinois pour l’assemblage final, en raison de la qualité des chaînes logistiques locales et de la maîtrise technique.
Même dans les secteurs très spécifiques comme l’usinage de précision, le moulage plastique multi-cavités ou l’injection métal haute pression (HPDC), de nombreuses entreprises européennes s’appuient encore sur des fabricants chinois pour leur savoir-faire, leur réactivité et leurs prix compétitifs à qualité constante.
Lors d’une mission de sourcing au Vietnam, nous avons constaté que le coût de développement des moules pour des pièces d’emboutissage pouvait être jusqu’à trois fois supérieur à celui proposé en Chine. Cela s’explique par les décennies d’expérience accumulées par les fabricants chinois dans ce domaine, leur maîtrise des technologies de traitement thermique, et leur accès facilité à l’acier et aux composants techniques.
Les piliers de la puissance industrielle chinoise
Ce qui distingue la Chine, c’est d’abord sa capacité de production à très grande échelle. Dans la province du Guangdong, par exemple, certaines usines de composants électroniques tournent 24h/24 avec plusieurs milliers d’ouvriers et des lignes automatisées capables de sortir des millions de pièces par mois. À cela s’ajoute une spécialisation industrielle impressionnante dans des secteurs comme l’électronique, la mécanique, l’injection plastique ou encore la fabrication de moules. Un autre exemple concerne l’industrie des pièces détachées automobiles. La région du Zhejiang, que nous connaissons bien à travers nos missions de sourcing, regroupe de nombreux fabricants spécialisés dans toutes sortes de pièces détachées automobiles.
Les écosystèmes industriels sont particulièrement bien intégrés : dans le secteur du moulage par exemple, un seul bassin industriel peut regrouper l’outilleur, l’injecteur, le fabricant de visserie et le fournisseur d’emballages, ce qui réduit drastiquement les temps de coordination. Les prestataires logistiques, souvent implantés à proximité immédiate des zones industrielles, permettent des enlèvements rapides et une gestion fluide des flux export.
La Chine dispose également d’un accès direct à une large variété de matériaux et de composants. Elle produit une grande part de ses propres aciers, plastiques techniques, et terres rares, essentiels à la fabrication de moteurs ou de composants électroniques. Cela réduit sa dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs, un avantage décisif en période de tensions commerciales ou de pénurie mondiale.
Enfin, ses infrastructures logistiques sont parmi les plus performantes au monde. Le port de Shanghai est le plus actif du globe, et les liaisons ferroviaires vers l’Europe via la Route de la Soie permettent d’expédier du fret en 15 à 20 jours, contre 35 à 40 jours par bateau. Ce réseau intégré contribue fortement à la compétitivité de l’industrie chinoise à l’international.
Une industrie en mutation : montée en gamme et innovation
Depuis plusieurs années, la Chine opère un virage stratégique vers l’innovation et la montée en gamme. Le slogan "Made in China" laisse progressivement place à une industrie orientée vers la création de valeur. L’automatisation se généralise dans les usines les plus avancées, notamment pour compenser la hausse des salaires. Certaines usines textiles du Jiangsu, par exemple, ont réduit de moitié leurs effectifs en adoptant des lignes entièrement automatisées pour la découpe et la couture. Dans l’industrie mécanique, nous avons visité plusieurs ateliers d’usinage CNC dans le Zhejiang équipés de bras robotisés opérant en continu, avec une tolérance de l’ordre du micron.
La Chine mise également sur des secteurs d’avenir comme les batteries, la robotique, les semi-conducteurs, la mobilité électrique. Des villes comme Shenzhen ou Hefei sont devenues des hubs technologiques, accueillant des géants comme BYD (véhicules électriques), CATL (batteries lithium) ou DJI (drones).
Elle a également investi dans des industries stratégiques, notamment dans l’aéronautique et le spatial :
Le COMAC C919, premier avion de ligne moyen-courrier développé en Chine, a effectué ses premiers vols commerciaux en 2023 avec China Eastern Airlines.
La Chine a mis en service sa propre station spatiale, Tiangong, et prévoit plusieurs missions lunaires et interplanétaires d’ici 2030
Ces projets, soutenus par des budgets publics colossaux et un écosystème de sous-traitants hautement technologiques, tirent vers le haut l’ensemble du tissu industriel local. Dans nos propres échanges avec des fabricants de composants techniques ou de pièces injectées, nous constatons une réelle volonté d’investir dans des machines de dernière génération, de former les opérateurs, et d’intégrer les outils de contrôle qualité en ligne.
Ce repositionnement technologique attire de nouveaux projets, y compris de la part de donneurs d’ordres européens à la recherche de fournisseurs capables de répondre à des cahiers des charges stricts, aussi bien sur la précision que sur la performance. La perception de la Chine comme simple producteur à bas coût est en train de disparaître : elle devient aussi un terrain d’innovation industrielle, capable de concevoir, produire et améliorer des produits complexes à haute valeur ajoutée.
Le profil idéal d’un projet de sourcing en Chine
La Chine reste une destination parfaitement adaptée aux projets techniques, complexes ou exigeant des capacités industrielles avancées. Dans nos propres missions, nous avons mené plusieurs projets de sourcing pour des pièces détachées automobiles IAM, où la combinaison entre volumes élevés, précision d’usinage et délais serrés excluait d’office certaines destinations. Sur ces projets, la Chine s’est imposée non seulement pour sa compétitivité prix, mais surtout pour sa capacité à mobiliser rapidement des fabricants expérimentés, avec un niveau d’automatisation et de maîtrise technique adapté aux exigences européennes.
Comme évoqué précédemment, les coûts liés au développement d’outillage — fortement influencés par la capacité technique du fabricant, sa productivité, son accès aux matériaux et sa faculté à amortir les investissements — illustrent clairement l’avance de la Chine par rapport à certains hubs industriels en développement en Asie.
Si le besoin concerne des produits à forte valeur ajoutée, des outillages spécifiques, des volumes importants ou un time-to-market très court, alors la Chine reste difficile à égaler. Elle offre une réactivité industrielle impressionnante et une expérience solide sur les exigences des donneurs d’ordres internationaux. À condition d’être bien encadré sur le terrain, le sourcing en Chine reste une option hautement stratégique pour les projets où technicité, cadence et fiabilité sont des facteurs déterminants.
La Chine, un partenaire stratégique mais à aborder avec méthode
En 2025, la Chine n’est plus simplement une destination de production à bas coût : elle s’impose comme un partenaire industriel de haut niveau, capable de répondre à des projets complexes, techniquement exigeants et qui répondent à des objectifs long terme.
Mais cette puissance industrielle s’accompagne aussi de nouveaux défis : hausse des coûts, exigences réglementaires, pression sur les critères ESG, et instabilité géopolitique sur certains marchés. Sourcer en Chine ne s’improvise pas. Cela demande une compréhension fine du terrain, une sélection rigoureuse des partenaires et un suivi opérationnel constant.
C’est précisément dans cette logique que nous intervenons : accompagner les entreprises dans l’identification des bons fournisseurs, le pilotage des projets techniques et la sécurisation de chaque étape du processus. Une approche pragmatique, ancrée dans le réel, pour tirer pleinement parti du potentiel industriel chinois, sans en sous-estimer les exigences.
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